De la Nouvelle Aube

De la Nouvelle Aube Chien finnois de Laponie

Chien finnois de Laponie

Être éleveur en 2025 : faire face aux enjeux

Être éleveur en 2025 : faire face aux enjeux

Nous vivons actuellement à une époque dans laquelle notre métier ne cesse d'évoluer et comme presque chaque chose en ce monde : il faut vivre avec son temps pour subsister.

Être éleveur canin en 2025 c'est faire face à pas mal d'enjeux afin de continuer à pouvoir vivre de sa passion. Que ce soit pour payer nos factures ou vendre nos chiots, nous devons mettre en place des modes de fonctionnement, voire des tactiques, afin d'avoir une activité qui puisse pleinement nous satisfaire et continuer d'exister sans être écrasés par les charges financières et le poids de la concurrence. Il y a dans tout ça du bon comme du plus compliqué.

En France il y a aujourd'hui énormément d'élevages dans les deux races que j'élève, enfin surtout en Shiba. Avoir une ligne de conduite sérieuse et apprendre à devoir se démarquer est devenu indispensable.



1- Les réseaux sociaux :



a) État des lieux

C'est à vrai dire le point que je voulais aborder qui m'intéressait le plus de développer dans cet article et qui m'a fait penser à l'écrire. Aujourd'hui en 2025, avoir des réseaux sociaux pour son entreprise c'est inévitable. Connaissez vous une seule entreprise sans réseaux ? Les éleveurs ne passent pas entre les mailles du filet. Je me rappelle d'une époque pas si lointaine ( il y a 10-15 ans ) lorsque je faisais mes recherches de stages en élevages pour mes études que je me fiais uniquement à ce que je trouvais sur internet et notamment avec le site chien-de-france pour trouver des structures qui pourraient m'accueillir. Je crois que très peu d'élevages à cette époque là possédaient leurs réseaux, peut-être quelques pages Facebook ?

Pour ma part, il m'arrive parfois de temps en temps de recevoir des demandes de stage sur Instagram directement, d'un très jeune public. À chaque fois ça me fait un drôle d'effet et pourtant c'est simplement dans l'air du temps.

Aujourd'hui tous les bons élevages possèdent leurs réseaux afin de présenter leur travail. Je dirais même que seules des "usines" n'en possèdent pas ( enfin attention il y a aussi des usines qui en ont ).

Avoir des comptes sur les réseaux ( Facebook, Instagram, Tik Tok ) c'est évidement devenu une norme inclue dans le package de l'éleveur. Je ne vais personnellement pas m'en plaindre, il se trouve que je suis issue de la génération qui a justement vu grandir tout cela et qui y donne aujourd'hui une certaine importance. Je prend pour ma part un très grand plaisir à partager mon quotidien avec mes chiens, j'ai par ailleurs le temps pour le faire malgré mon rythme de vie soutenu, à vrai dire cela est même instinctif pour moi. Je suis par conséquent aussi ravie de voir les comptes des autres éleveurs et pouvoir voir leurs chiens, leurs façons de travailler... C'est tout un écosystème.



b) Impacts

Le soucis c'est que aujourd'hui, dans les races que j'élève et notamment pour le Shiba, les réseaux sociaux ont prit une importance absolument capitale pour trouver des familles et vendre. Je vous dis cela avec mes observations personnelles : en Shiba la plus grosse majorité des personnes qui me contactent me trouvent via Instagram, presque uniquement cela en fait. Tandis que les personnes qui me contactent pour du Finnois ont plutôt tendance à me trouver via mon site internet directement ou celui sur chien-de-france, un peu Facebook et Instagram.

Les deux races que j'élève visent un public un peu différent mais ressemblant malgré tout, majoritairement plutôt jeune : surtout des femmes, mais aussi évidement des hommes, âgés principalement entre 24 et 38 ans.

Donc comme je vous le disais plus haut, moi le fait de vivre avec mon temps avec les réseaux c'est tout a fait naturel pour moi. Apprendre à vendre grâce au réseaux m'est d'une facilité déconcertante.

Pour autant, je ne vous cache pas que parfois cela est un peu agaçant. Même si je fais partie de la génération qui a un téléphone vissé à la main, il m'arrive parfois de trouver que les créations de contenu sont chronophages et stressantes, surtout lorsque j'ai des chiots disponibles et que j'ai par exemple besoin de les publier plusieurs fois par jours pour qu'il puissent être vu et enfin trouver une famille. Puis je suis pas la seule à fonctionner comme ça, donc les chiots de chacun sont noyés dans le flot incessant de bébés disponibles.

Je pense notamment aussi aux éleveurs qui eux justement n'ont pas instinctivement cette fibre des réseaux et cette habitude de partager leur quotidien avec leurs chiens ou leurs chiots à vendre... Et bien franchement du coup il y en a plein qui ont de la difficulté.

Car hélas aujourd'hui avoir un site internet bien entretenu dont on paye le domaine tous les mois ce n'est plus suffisant. Les nouveaux modes de recherche d'élevages et de ventes créés chez l'éleveur une nouvelle fonction qui est celle du Créateur de contenu, un peu malgré lui au final. Mais on s'y prête vite au jeu quand on a conscience que c'est ce qui marche aujourd'hui et que dans la majorité du temps on prend plaisir à le faire.

Pour ma part comme je l'ai dit plus haut, cela ne me pèse pas particulièrement, sauf dans certains moment clé notamment lorsque j'ai des chiots disponibles. Mais pour autant je ressens quand même une certaine gène vis à vis de cela parfois. C'est difficile à expliquer. J'ai conscience que aujourd'hui cela est indispensable.

Cela me fait plaisir lorsque j'ai quelqu'un qui a prit le temps de chercher un élevage sur internet, qu'il est tombé sur le miens, qu'il a lu tout mon site et qui enfin prend le temps de me contacter. Je suis parfois un peu épuisée de devoir faire des pieds et des mains pour qu'on tombe sur une de mes publications, qu'on trouve mon élevage et mes chiots sur les réseaux afin d'espérer recevoir un message pour mes petits.

Comme je disais dans mon introduction, ces évolutions elles ont du bon comme du compliqué. Pour ma part j'adore partager mon quotidien avec mes chiens et mon métier sur mes réseaux, j'adore faire du contenu pédagogique, ect... Pour autant je ressens malgré tout parfois une fatigue de cette évolution. Vous comprenez où je veux en venir ou bien c'est brouillon ?

Je crois que parfois on s'éloigne d'une certaine simplicité. Avoir des réseaux et que les gens nous y trouve c'est simple, oui. Mais devoir entretenir ses réseaux ++, poster 50x ses chiots noyés au milieu de ceux des autres... Juste pour réussir à subsister malgré la qualité de notre travail... Ça peut être fatiguant.

Je pense notamment que cela entretient un côté de rapidité et d'impatience chez les familles, surtout en Shiba. On voit très bien que nos familles qui se mettent sur nos listes d'attente suivent aussi sur Insta nos collègues. Devant ce flot incessant de publications et de story, certains ont du mal à se montrer patients et finissent par craquer en prenant leurs chiots ailleurs. Ils oublient que derrière les comptes Insta et les photos de chiens il y a des humains, les éleveurs, qui leur ont accordé du temps pour répondre à leurs questions et les avaient acceptés parmi leurs futures familles.



c) Suppressions des posts et haine

Ces dernières années sur les réseaux ne sont pas faciles pour les éleveurs. Il devient compliqué de poster des photos d'animaux et particulièrement de chiots sans prendre le risque de se faire Strike par la modération. C'est pour cela que vous nous voyez écrire avec des mots codes "dis.po"; "réser.vation", ect... afin de ne pas attirer l'attention des IA qui gèrent les suppressions des publications ayant pour but de présenter ou vendre des animaux.

C'est parfois des lots de publications complètes qui sont supprimées, des comptes restreints ou bloqués. Dans un monde actuel comme celui ci où les réseaux sont devenus indispensables pour vendre, c'est un vrai fléau quand ça arrive.

Ensuite pour parler de haine sur les réseaux, lorsque l'on est éleveurs on a le droit aux discours haineux de tous les grands défenseurs des animaux, des anti-spècistes, ect. Cela peut parfois être usant pour le moral de batailler contre ces gens qui nous insultent et nous font passer pour les pires personnes sur Terre parce que l'on vit de notre passion. La meilleure solution reste de supprimer tout commentaires de ce genre, bloquer les individus, mais aussi ajouter dans les paramètres une liste de mots interdis qui ne pourront plus figurer en commentaires.



2- La crise économique :



a) Nos charges

Comme pour n'importe quel français, le coût de la vie de l'éleveur a sacrément augmenté ces dernières années et il est une des raisons principales de l'arrêt d'activité d'un bon nombre d'entre eux. Le métier d'éleveur est déjà en somme relativement coûteux, surtout lorsque l'on veut faire les choses bien, mais il faut admettre que ces dernières années ont quelque peu tendance à nous abattre.

Le coût de l'alimentation a augmenté avec notamment une hausse de 30% des prix. Donc les croquettes coutent plus chères mais nos chiens mangent toujours autant. De nombreux éleveurs ont du hélas se résoudre à baisser en gamme afin de pouvoir continuer à nourrir tous le monde. Pour notre part nous maintenons une alimentation de qualité low grain, mais j'admet avoir du passer du plus haut de gamme sans céréales à notre gamme low grain afin de moi aussi être alignée entre les besoins de mes chiens et les entrées d'argent.

Le prix du vétérinaire a lui aussi considérablement augmenté avec quelques euros par ci par là sur des petits soins comme les échographies, les prises de sang, les vaccins... Mais aussi nos tests de santé sur nos reproducteurs. Par exemple notre vétérinaire spécialisé pour les MHOC est passé de 99€ à 112€ pour la même consultation. Notre vétérinaire spécialisé pour les radiographies des hanches est passé pour une radiographie des hanches simple + consultation de 228€ à 245€. Donc bon, difficile de faire l'impasse aussi sur le vétérinaire, certains soins sont indispensables et nos tests de santé sont couteux, mais eux aussi obligatoires pour garantir une production de qualité.

Je vais évidement parler aussi du prix du carburant qui est une grosse consommation dans notre métier avec de nombreux trajets : les rendez vous chez le vétos et parfois éloignés chez des spécialistes, les expositions canines, les saillies extérieures, les achats de reproducteurs...

Ça peut être aussi les coûts de l'électricité et l'eau qui ont franchement augmentés ces dernières années. Des ressources dont nous avons besoin pour la gestion de notre élevage : machines à laver, abreuvement des animaux matériel d'éclairage, lampes chauffantes, ...

Dernièrement se sont aussi les frais de la SCC qui ont considérablement augmenté : inscriptions au LOF, tests ADN, ect...



Encore une fois des indispensables pour chaque éleveurs. En clair toutes les choses que je viens de citer, comme je l'ai dis, lorsque l'on est un éleveur qui fait les choses biens ou que l'on a juste un système d'élevage le plus simple soit t'il, on est obligé de passer par là et de payer les coûts.



b) Nos prix de vente

Pour faire suite au paragraphe juste au dessus, le petit soucis que l'on rencontre face à l'augmentation de toutes nos charges... C'est que nos prix de vente eux n'augmentent que très peu, voire pas du tout. En effet, l'achat d'un chien de race reste un luxe en soit, mais nous les éleveurs ne voulons pas le rendre plus difficile d'accès encore. Pourtant nous mériterions bien d'augmenter encore nos prix au vue des charges constantes de notre activité.

Nous avons toujours des personnes qui se plaignent de nos prix. Nous comprenons que ce n'est pas dans le budget de tous , mais nous devons aussi faire tourner notre activité pour pouvoir continuer d'élever et préserver les races qui nous tiennent à coeur.

La démarche d'adoption aujourd'hui demande par conséquent probablement plus d'économies du côté des familles qui nous achètent des chiots. De quoi prendre bien le temps pour réfléchir sérieusement à son projet d'adoption.

Selon moi, les éleveurs de qualité qui font le choix de baisser considérablement leurs prix mettent un pied dans la tombe. Il est impossible de vouloir se montrer concurrentiel en baissant ses prix tout en maintenant une qualité équivalente. Il ne faut pas tomber dans le même fonctionnement que les usines qui ont une qualité de production médiocre mais en grande quantité vendue a des prix les plus bas du marché dans le seul but de "produire et écouler les stock".

En toute logique il est plus pertinent de produire une quantité de chiot sans de difficulté à vendre tout en maintenant ses prix.



3- Les lois :



Si seulement les lois pouvaient être plus encore de notre côté. Dernièrement de nombreuses lois et arrêtés naissent dans une optique avant tout de bien être animal, mais qui à terme auront aussi des conséquences positives pour les éleveurs éthiques grâce à une diminution significative de la concurrence des élevages "usines", des importations massives des pays de l'est pour vendre en animalerie et salons, des particuliers qui font de la reproduction, des éleveurs ayant recours à la copropriété avec des particuliers...

Je peux notamment parler de l'arrêt et l'interdiction des ventes de chiots en animalerie et salon du chiot. Cette loi ayant été appliquée en 2024 n'est pourtant pour le moment pas vraiment respectée. C'est par ailleurs ahurissant de voir que cela se pratique toujours. Il y a un réel manque de contrôle. Par ailleurs, les animaleries qui mettaient en vente leurs animaux en boutiques ont aujourd'hui simplement trouvé la parade : elles vendent sur internet en click and collect. En bref, la loi est la mais elle n'est pas appliquée ni contrôlée, mais en plus de ça elle est aussi contournée.

Je peux aussi vous parler des durcissements de loi concernant les ventes de chiots par des particuliers ( sans numéro de siret ). Bon et bien aujourd'hui je ne pense pas que cela ai réellement diminué puisque l'on peut tout simplement créer un compte Instagram, s'auto proclamer éleveur et vendre ses chiots entre deux publications mignonnes. Il est toujours possible sur certains sites de créer des annonces avec des siret volés ou qui n'ont aucun lien avec l'élevage canin ni les animaux tout court. En bref, tout pareillement, les lois sont contournées et rien n'est suffisamment contrôlé.

Ensuite je vais vous parler de l'un des arrêtés d'été 2025 sur la copropriété entre éleveurs et particuliers, ou une fois de plus il a été rappelé que l'éleveur devait être le détenteur de la chienne reproductrice. Arrêté lui aussi contourné puisque les éleveurs pratiquant cette supercherie n'ont qu'à faire un simple mic-mac : changer le détenteur de la chienne sur l'icad avant que celle ci vienne faire sa portée à l'élevage.

Hors si cet arrêté devait être juridiquement plus juste il devrait être plutôt écrit que l'éleveur doit être le propriétaire ET le détenteur PRINCIPAL de la chienne qui fait sa portée chez lui.

En bref, des lois existent, elles sont juste facilement contournées en toute impunité. À quand un réel durcissement des lois ainsi qu'une réelle surveillance de ce qui se passe ?



4- Avoir une image et une éthique forte, être visible :



Aujourd'hui je pense que pour réussir à faire vivre son élevage il faut avoir de grandes convictions, garantir une éthique, suivre une ligne de conduite irréprochable, oser se montrer et partager son travail.

Dans un soucis d'éthique, il y a malgré tout de nombreuses familles qui se renseignent comme il faut pour la recherche d'un élevage dans le but d'adopter un chiot. Avec l'accès libre à toute la connaissance de l'internet aujourd'hui on peut s'estimer heureux que beaucoup font la démarche de vraiment vouloir faire le bon choix. Il y aura évidement toujours des personnes qui ne feront aucune recherche et iront chercher leurs chiots dans les coins les plus pourris qui soit... Mais je pense que c'est quand même très positif ce que l'on peut observer ces derniers temps chez les personnes qui nous contactent : ils nous posent des questions, ils prennent le temps de se renseigner, ils veulent faire les choses comme il faut et au bon moment pour eux. Il faut donc permettre à ces chouettes personnes qui ont fait l'effort de se renseigner de pouvoir trouver en nous ce qu'ils recherchent. Aujourd'hui je trouve qu'être éleveur c'est aussi porter des messages, comme ce que je fais avec mes articles par exemple. C'est parler librement sur ses réseaux ou sur ses sites de sujets importants ou à débats, c'est vouloir éveiller les consciences.

Je pense qu'il est important d'avoir une réelle identité pour son élevage. Après tout c'est pour la majorité d'entre nous notre passion. Je pense que cette passion doit être palpable vue de l'extérieur.

Les gens de aujourd'hui pour la plupart ont besoin de s'identifier à des valeurs qui leur importent. Je pense qu'il est vraiment important de mettre son âme dans son élevage ! Que ce soit sur les réseaux, le site, en visite, en expositions... Je pense qu'il faut être sûr de son propre truc, être confiant, avoir des valeurs et s'y tenir. Peut être qu'à une certaine époque les gens qui voulaient un chien de race se posaient moins de questions, mais je pense que aujourd'hui non seulement les valeurs éthiques mais aussi l'image, les messages forts et les personnalités des éleveurs comptent.



> Pour conclure, être éleveur en 2025 c'est faire face en effet à de nombreux enjeux. Je ne sais pas quels étaient les enjeux de l'époque, je ne saurais dire s'il y en avait autant, mais en tout cas voici selon moi ceux d'actualité.

Je pense qu'il est primordial aujourd'hui que chaque éleveur habité par sa passion sache dans quelle direction il va et qu'il n'hésites pas à partager ses valeurs et son travail.

Que chacun doit prendre conscience qu'il doit faire de son mieux pour se démarquer et survivre si son travail en vaut la peine. Il faut continuer à lutter pour nos droits et pour faire aussi avancer les lois en faveur du bien être animal dans les élevages et modes de vente.



Image générée par IA.