Le Puppy blues

Ayant vécu notre premier retour d'élevage en printemps 2025 à cause d'un puppy blues c'est un sujet sur lequel j'avais aussi envie d'écrire.
Le terme Puppy blues est un dérivé de baby blues, désignant l'état dépressif que peut ressentir un parent et notamment une maman suite à l'arrivée d'un bébé humain.
Lorsque je l'avais annoncé j'avais reçu beaucoup de messages me demandant ce qu'était le puppy blues. À vrai dire il y avait beaucoup de personnes qui pensaient que c'était lorsque le chiot ne s'adaptait vraiment pas à sa nouvelle maison. En réalité c'est plutôt l'inverse... Disons que c'est plutôt l'humain qui ne s'adapte pas à l'arrivée du chiot.
J'ai eu beaucoup de personnes qui m'ont demandé comment c'était possible, sans remettre en cause ma capacité à choisir de bonnes familles, ils se disaient que ce n'était pas normal d'adopter un chiot et finalement ne plus en vouloir si peu de temps après.
Concernant cette famille, il faut savoir que c'était quelqu'un de vraiment très préparé qui avait grandement hâte d'accueillir son chiot. Évidement moi de mon côté tout me paraissait ok avec lui. Mais une fois le moment venu, le petit chiot à la maison...Au bout de quelques jours son humain ressenti vraiment une incapacité à s'occuper du chiot, la peur de ne pas réussir à l'éduquer et répondre à tout ses besoins, la peur de ne pas réussir à créer du lien avec lui... Alors qu'on en avait tellement parlé en amont ! J'ai tenté de le rassurer, j'ai eu l'impression que ça allait mieux, mais seulement le lendemain il m'a envoyé un message pour me dire que c'était insurmontable pour lui et qu'il souhaitait me ramener le chiot. Je n'ai pas cherché à le rassurer davantage et ai accepté pour récupérer mon chiot.
Le chiot n'était chez lui que depuis seulement une semaine lorsqu'il me l'a rendu.
Il faut savoir que c'est bien souvent de cette manière que ça se passe, avec finalement des profils de personnes qui étaient totalement prêts à accueillir un chiot et qui avaient le mode de vie adapté. Ce sont au final souvent des personnes qui se mettent une pression de dingue à l'arrivée du chiot et qui n'arrivent pas à la surmonter. Ils sont parfois justement très organisés et ne laissent pas beaucoup de place à l'inconnu et à ce qui ne peut être contrôlé.
Ils sont également aussi pressés que le chiot soit '"autonome" et se comporte comme si toute l'éducation avait été faite afin de vite retrouver un climat de calme à la maison et de sérénité... Sauf que bien évidement ça ne peut pas être possible.
L'arrivé d'un petit chiot ça peut être un sacré bouleversement dans une vie et ça peut en effet être parfois très compliqué au début le temps que tout le monde s'adapte à cette nouvelle vie.
Il faut savoir que lorsque le chiot arrive dans sa nouvelle famille c'est souvent un moment de grande joie mêlé à de l'euphorie et du stress. Mais quand les jours passent et que le chiot est là et qu'il faut apprendre à s'en occuper, qu'on se rend compte aussi des contraintes et compromis que cela peut être, il y a des personnes pour qui les émotions basculent totalement de l'autre côté avec de vrais sensation de stress, d'angoisse, d'impuissance, d'impatience, voire des états dépressifs.
Il y a des personnes qui réussissent à surmonter ça par force d'esprit peut être je dirais, grâce à l'aide de leur entourage ou de professionnels.
Puis il y a ceux qui ne se sentent finalement vraiment pas en capacité d'assumer ce bouleversement et la responsabilité d'avoir un petit être qui vit à leur crochet.... Et qui préfèrent se séparer du chiot.
Vouloir le ramener à l'élevage sera toujours l'option à privilégier afin que l'éleveur s'occupe lui même du replacement du chiot pour que celui ci ne soit pas adopté par n'importe qui. C'est clair que pour nous c'est toujours une sensation amère, un peu d'échec et un gros stress à gérer mais les éleveurs éthiques feront toujours le choix d'accepter le retour du chiot pour que celui ci soit en sécurité.
Je souhaite avoir le moins possible de retour d'élevage de ce type dans ma carrière d'éleveuse, même si cela peut sembler compliqué car il s'agit d'un phénomène de plus en plus récurrent.
On peut noter dans les moeurs actuelles ce désir que tout aille toujours vite : l'adaptation du chiot, son éducation, la création du lien avec l'humain.
Mais aussi l'influence que peuvent avoir les réseaux sociaux sur certaines personnes idéalisant des situations, ne voyant que le côté instagramable des choses. Avoir un petit chiot c'est merveilleux, c'est de beaux souvenirs et de belles photos... Mais quand on sort de l'idéalisation c'est aussi de la fatigue, des erreurs, des "bêtises" du chiot... Et ça on ne le voit pas toujours. On peut donc avoir des personnes qui ont une idée de ce que c'est avoir un chiot, qui se sont renseignés, largement documentés même. Certains pensent naïvement qu'avec eux il n'y aura pas de tout ça ( et parfois c'est vrai, le chiot est vraiment un petit ange ! ). Mais une fois le fait accompli au moment où il faut vraiment conscientiser tout ça c'est une grosse désillusion. Le poids réel de la responsabilité tombe et certains n'ont pas les épaules pour. C'est un fait.
Je pense qu'il sera difficile de vraiment réussir à aider certaines familles dans cette situation, car quand elles ont décrétés que c'était vraiment trop compliqué pour elles, il n'y a pas toujours grand chose à faire autre que de récupérer le chiot avant que celui ci ne subissent des conséquences psychologiques. Parce que sur un petit chiot chaque jour compte dans son apprentissage et sa perception du monde, il peut rapidement en pâtir.
En revanche il est important de savoir que pour lutter contre le puppy blues et le prévenir il y a quand même des actions qui peuvent être mises en place. Notamment le fait de se faire aider rapidement par un éducateur pour ne pas se sentir dépassé par l'éducation et ne pas savoir dans quel ordre commencer les choses. Il y a bien évidement le fait de parler autour de soi de manière honnête de comment se passe l'arrivée du chiot afin de se sentir entouré. Ne pas hésiter à en parler à l'éleveur et prendre en compte ses conseils.
Il est possible aussi de préparer l'arrivée du chiot mais d'avoir conscience qu'il faudra aussi laisser de la place aux imprévus et à l'improvisation. Lorsque le chiot arrivera il faudra aussi penser à prendre du temps pour soi et ne pas rester scotché à lui toute la journée. Les choses devront prendre leur temps en ce qui concerne l'éducation et la sociabilisation donc il faut penser à prendre du temps pour soi aussi. Continuer ses activités habituelles, continuer de voir du monde.
Laisser le temps au temps.
Image générée par IA.